Punk rock
/
France
Les Sheriff
Samedi 11/06
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C’était dit, c’était écrit, c’était la fin. Il fallait se faire une raison. Les Sheriff avaient explosé sous le soleil de plomb italien, lors
d’une tournée de squats mal famés et bouges sordides, loin des feux de la rampe qu’on
leur réservait dans l’Hexagone. Le vingt et unième siècle était encore une chimère et le
nom des Sheriff figurait désormais sur la longue liste des groupes qu’on aime et qu’on ne
reverrait plus. Mais, comme dans les meilleures sagas, le clap de fi n n’en était pas un. Un
concert inattendu devant 7 000 personnes à Montpellier avait remis le feu aux poudres
sans que personne n’y pense vraiment, n’était-ce pas un concert d’adieu ? Avaient suivi
un triple album live et un DVD. Un testament, vraiment ? Non, car en garçons bien élevés,
Les Sheriff décidaient bientôt d’écrire une dernière page en allant saluer leurs fans de
France et d’ailleurs. Un concert par région, histoire de partir avec élégance et sans regret.
On ignorait juste que la France comptait une centaine de régions et qu’après avoir joué
autant de fois les mêmes tubes devant trois générations de fans, le démon de la création
reviendrait titiller nos cinq pistoleros. Dans le plus grand secret, tout le monde s’est mis au
boulot et la rumeur est devenue réalité après un séjour chez Plume, premier compagnon
de musique de Seb (batteur d’aujourd’hui) et ancien ingénieur du son d’un album de The
Hop La ! (groupe de Manu, batteur d’hier). Les amis toujours.
Mais ces Enfants du passé avaient-ils encore des choses à dire ? Eux qui s’étaient tenus
Loin du chaos pendant vingt ans et n’avaient, pour la plupart, Pas de contact avec le rock
d’aujourd’hui et connaissaient tout juste celui qui passe Dans la bagnole ? Il semble bien
que oui. Avec un combo en partie renouvelé (Ritchie Buzz à la guitare, Manu à la batt…
non, pardon à la basse), Les Sheriff reviennent avec douze titres inscrits dans la droite
ligne de ce qu’ils étaient au vingtième siècle et confirment qu’ils sont les dignes rejetons
des Ramones et d’AC/DC, les neveux des Dickies et d’OTH, les petits-enfants de Chuck
Berry et surtout, les solides défenseurs d’un rock’n’roll indémodable.
Si le son s’est durci, les riff s restent toujours aussi précis, la rythmique implacable et
l’énergie admirable. Les mélodies font mouche et on les chantera assurément sous la
douche. Le collectif apparait plus que jamais soudé et impliqué (en témoigne la diversité
des compositeurs)… Côté paroles, Olivier s’y colle, comme toujours, avec, cette fois, une
gravité éloignée des plaisanteries juvéniles des années Gougnaf/New Rose, mais un
romantisme aussi intact que la jeunesse de ces trentenaires éternels, même pas
prisonniers de leurs corps de quinquas qui sont autant de défi s au temps qui passe.
Personne n’aurait osé rêver d’un retour sur disque des Sheriff . Pourtant, il est là. Un
Grand bombardement tardif en guise de feu d’artifice plutôt qu’un Requiem, fût-il cinq
étoiles. Ce come-back des Sheriff , c’est une parenthèse hors du temps qui permet de
rêver à des concerts enflammés, une jeunesse retrouvée, de monstrueux refrains scandés
tous ensemble dans la noirceur d’une fosse en fusion, une bonne humeur contagieuse
pour un groupe qui devrait être financé par la Sécurité sociale. C’est un cadeau tout droit
venu de Montpellier, là où tout doit se terminer, mais le plus tard possible quand même.
Avant cela, on a encore quelques moments heureux à partager et quelques belles pages à
imaginer. C’est dit. C’est écrit. C’est un nouveau début.